Bi-bancarisation / transferts d’argent
La diaspora africaine est désormais perçue comme pouvant être un acteur majeur du développement économique de l’Afrique. Certes, par les transferts d’argent, la diaspora africaine a toujours été un puissant contributeur aux économies nationales, le premier tant en termes de volume que de pérennité, devant les investissements directs étrangers (IDE) et l’aide publique au développement (APD). Mais, historiquement, ces transferts d’argent ont principalement pour objet de subvenir aux besoins essentiels des familles restées au pays : accès aux soins, scolarisation et alimentation. On observe cependant une tendance récente : l’ambition de la diaspora de ne plus limiter leurs transferts à la subsistance des familles, mais de les affecter au financement de l’économie, à l’investissement dans des projets d’intérêt général : infrastructures dont l’Afrique a tant besoin, création d’entreprises, etc. Certains pays de l’Union Européenne, au premier rang desquels, la France, ne sont pas insensibles à cette ambition et s’appuient sur elle pour, non seulement, promouvoir la diaspora comme un investisseur à part entière, mais aussi, et peut-être surtout, comme acteur d’une relation entre l’Europe et l’Afrique renouvelée : l’Afrique ne veut plus être vue comme l’enfant malade au chevet duquel l’Europe serait et l’Europe ne tient pas à être perçue comme néo-colonisateur. Ce souhait d’un « partenariat renouvelé », selon les termes du Président Emmanuel Macron, nous semble être la condition nécessaire au renforcement de la relation entre l’Europe et l’Afrique, à une époque où la seconde n’attend plus la première pour réaliser ses projets : d’autres pays, la Turquie, l’Inde, d’autres continents, la Chine, la Russie, les Etats-Unis ne se privent pas de concurrencer la vieille Europe dans sa relation historique avec l’Afrique.
Ceci étant, une telle ambition d’un « partenariat renouvelé », d’une relation d’égal à égal, sincère, pour le meilleur et pour le pire, pour la vie, ne saurait prospérer sans tenir compte de facteurs aussi prosaïques qu’essentiels et, en particulier, le droit : point de politique ambitieuse, point de stratégie, sans législation performante. Ainsi, pour que l’investisseur-diaspora puisse croître dans l’intérêt commun de l’Afrique et de l’Europe, encore faut-il supprimer les barrières réglementaires qui, au demeurant, sont largement obsolètes et ont pour effet pervers d’affaiblir la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. La France, depuis 2014, s’y emploie, avec plus ou moins de bonheur, certes, mais pourrait inspirer une Europe engourdie. Tout ne dépend pas de la France et de l’Europe : l’Afrique doit être plus dynamique et force de proposition sur ce qu’il convient de réformer. Certains pays africains le font ; d’autres se satisfont de créer des secrétariats d’état aux résidants à l’étranger ou de concevoir des produits financiers diasporiques sans s’interroger sur les obstacles à leur commercialisation en Europe.
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